Initiation à la pratique de la Méditation en Pleine Conscience par
Nathanael ROUX
Méditation sur le souffle
Posture et respiration
Posture
L’assise
est un élément clé de la méditation qu’il ne faut pas
sous-estimer.
Une
position stable et immobile entraine automatiquement plus de calme
mental.
L’assise
doit comporter 3 points d’appuis :
- Fesse
et genoux, ou
- Fesse
et plante des pieds
Le
dos doit être droit.
Les
postures du ½ lotus et du lotus sont fortement déconseillées aux
débutants.
Je
recommande la posture birmane.
Attention :
lors de l’assise sur un coussin de méditation (zafu ou assimilé),
les fesses doivent être posées à l’avant du coussin (pas au
milieu).
La
posture de méditation assise est inhabituelle pour nous au début,
il faut être patient et lui laisser le temps de murir.
Mon expérience
Au
commencement de ma pratique, il m’a fallu m’assoir sur deux
coussins empilés l’un sur l’autre pour que mes genoux puissent
toucher le sol.
Ma
souplesse et mes muscles n’étant pas développés, je n’arrêtais
pas d’ajuster ma position et de « gigoter ».
Après
des mois de pratique (peut-être bien une année même), j’ai enfin
pu n’utiliser qu’un seul coussin et avoir les genoux qui
descendent naturellement et touchent le tapis.
De
plus, les muscles de ma sangle abdominale se sont développés, mon
dos s’est redressée, l’immobilité a commencé à s’installer.
Et
pour le coup j’en ressens aussi les bénéfices dans la vie de tous
les jours, je me tiens plus droit dans ma chaise en réunion, dans
mon siège de voiture quand je conduis.
Ce
qui contribue à son tour à ce que pendant mes séances de
méditation assises formelles, mon corps s’immobilise et tient la
posture plus longtemps et plus facilement.
Même
après plusieurs années de pratique, ma posture assise continue
d’évoluer.
Respiration
But
: Devenir conscient du processus de la respiration en devenant
attentif aux sensations physiques de l'air qui entre et sort à
l'inspiration et l'expiration
Souffle.mp3
https://www.youtube.com/watch?v=DP3BavaTpMM
Aides
:
-
qui se gonfle puis se dégonfle
-
sensation du passage de l'air
Consignes
:
-
ne pas essayer d'influer / changer / modifier le
cycle respiratoire, laisser le se faire naturellement et évoluer de
lui-même
-
ne pas penser à la respiration, mais la
ressentir
-
à chaque fois que l'on perd le contact avec les
sensations physiques de l'air qui entre et sort à l'inspiration et
l'expiration
-
on s'en rend compte
-
on ne se le reproche pas
-
on y revient
Bénéfice
recherché : développer les capacités d'attention et de
concentration
Application
pratique : reprendre contact plusieurs fois dans la journée avec la
respiration
Gain
additionnel : relaxation (activation du système parasympathique),
calme et paix, sensation de bien-être
Note
:
La
respiration est un processus très intéressant à plus d'un titre
-
il est
vital (impossible de se passer d'elle plus de quelques secondes)
-
il est
"limitrophe" du corps et de l'esprit
-
il est
automatique, mais on peut le modifier volontairement (partiellement)
-
il reflète
l'état du corps et de l'esprit
-
la
respiration ralentit ou accélère en fonction de la dépense
d'énergie du corps (calme, activité, sport)
-
elle se
modifie aussi en fonction des pensées qui surgissent et des
émotions ressenties (paix, stress)
-
et peut
être automatiquement "mobilisée" en cas de situation de
danger en devenant une fonction prioritaire (avec le système
cardio-vasculaire avec lequel elle fonctionne en tandem)
Commentaire
Phrases
clé de la méditation guidée :
- J’inspire,
pleinement conscient et attentif aux sensations physiques de l’air
qui entre
- J’expire,
pleinement conscient et attentif aux sensations physiques de l’air
qui ressort
La
méditation sur la respiration est semblable à la pratique des
gammes en musique, même un méditant chevronné pratique la
méditation sur la respiration de manière régulière, c’est vital
et indispensable.
Rien
ne peut se développer correctement sans une pratique de la
méditation sur la respiration omniprésente, de la même manière
qu’il n’est pas possible de bâtir une maison sans fondations
solides.
La
méditation sur la respiration doit nous suivre comme notre ombre et
faire partie de notre quotidien et être intégrée à nos
différentes activités de la journée.
La
pratique de la méditation sur la respiration formelle doit être
complétée par une pratique informelle :
- A
chaque fois que je m’assoie ou que je me lève, je prends trois
respirations en pleine conscience
- Dans
mon siège de bureau, sur la chaise de la salle de réunion, dans
la salle d’attente, dans les transports en commun, dans ma
voiture, …
- Avant
de décrocher le téléphone
- Avant
d’appuyer sur envoi pour un SMS ou un email
- Avant
de me coucher ou de me lever de mon lit
- Etc…
Il
peut aussi être utile de programmer une alarme, toutes les ½ heures
ou toutes les heures et à chaque fois qu’elle sonne d’effectuer
trois respirations en pleine conscience.
On
peut même intégrer toute sorte de sons imprévus comme rappel :
téléphone, carillon d’église, sonnerie de porte, clochette,
gong, …
Mon
expérience
Je
me posais beaucoup de questions au début de ma pratique, sur comment
une pratique aussi simple pouvais être aussi centrale, de l’intérêt
réel que cela pouvait avoir et de l’ennui qui pouvait surgir de la
répétition inlassable de la contemplation d’un processus
répétitif.
C’était
clairement lié à mon manque de compréhension et de pratique.
Rester
calmement plusieurs minutes en essayant de rester en contact avec les
sensations physiques de la respiration est extrêmement éducatif :
- Ce
n’est absolument pas aussi simple que l’on croie
- Un
nombre incroyable de distractions surgissent et font perdre le
contact avec l’objet choisi de l’attention : la
respiration
- On
commence très vite à voir qu’il se passe énormément de chose
dans l’esprit, qui se succèdent très vite, si vite que l’on
n’a pas commencé à en voir une, qu’une autre l’a déjà
remplacée
- Que
les pensées s’enchainent facilement, que la pensée initiale
entraine la suivante, qui entraine la suivante et que l’on peut se
rendre compte que l’on a divagué et perdu l’attention de
nombreuses secondes / minutes avant de s’en rendre compte
Au
début, notre capacité d’attention / concentration est extrêmement
faible, rester en contact avec ne serait-ce que 3 respirations
consécutives est un vrai challenge.
Mais
progressivement, avec l’entrainement, elle grandit.
Nous
développons de plus la méta-attention, capacité à se rendre
compte que nous avons perdu notre objet d’attention : la
respiration (ce qui nous permet d’y revenir plus souvent et plus
vite).
Nous
commençons alors à entrapercevoir les merveilles du fonctionnement
de l’esprit, sensations, ressentis, pensées, …
De
plus, ce qui surgit dans l’esprit se fait de plus en plus subtil,
les sensations de la respiration s’affinent et commence une danse :
- Si
notre attention / concentration n’est pas assez développée nous
perdons le contact avec les sensations physiques de la respiration
- A
chaque fois que nous perdons le contact, nous avons une occasion de
« muscler » notre attention, chaque fois que nous en
saisissons l’opportunité, notre attention s’affine
- Nous
percevons alors des sensations plus subtiles encore
- Elles
deviennent de plus en plus subtiles, jusqu’à ce qu’à nouveau
nous perdions le contact et c’est reparti pour une boucle
Au
final donc la pratique de la méditation sur la respiration est un
processus évolutif et dynamique (au sein d’une séance et de
séance en séance).
Et
même après plusieurs mois et années, ce qui est vu / connu /
éclairé par la pleine conscience est toujours différent et plus
subtil.
Enfin,
le plus important de tout, la méditation sur la respiration permet
de faire l’expérience concrète de la pleine conscience, de cet
espace vaste, paisible et chaleureux, ou tout peut être vu et
accueilli sans en être « troublé » et qui n’est pas
définissable par un concept ou par des mots.
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